Entretien avec Razvan Marin avant la reprise: "Je veux encore jouer le titre"
Suivi par de grands clubs européens, Razvan Marin nourrit de grandes ambitions pour cette toute nouvelle saison. "Je veux encore me battre pour le titre !"
- Publié le 27-07-2018 à 06h46
- Mis à jour le 27-07-2018 à 07h44
Suivi par de grands clubs européens, Razvan Marin nourrit de grandes ambitions pour cette toute nouvelle saison. "Je veux encore me battre pour le titre !" À 22 ans, Razvan Marin va entamer sa deuxième saison complète sous le maillot rouche. Après des débuts précipités par le départ d’Adrien Trebel en janvier 2017 et un début de saison 2017-2018 compliqué, le jeune international roumain a opéré une véritable métamorphose pour devenir la révélation rouche du dernier championnat. Fort de ses 12 assists et six buts la saison dernière, Razvan Marin, suivi par de nombreuses grosses écuries européennes, n’en peut plus d’attendre le début d’une saison pour laquelle il nourrit d’énormes ambitions… Avec le Standard. Entretien.
Razvan, parlons d’abord de la Supercoupe, êtes-vous déçu du résultat ou satisfait de la manière ?
"Il y avait un trophée à aller chercher donc, oui, nous sommes un peu déçus. Mais, la seconde période a été de bien meilleure facture et c’est très encourageant. On doit maintenant nous focaliser sur le premier match de championnat et, certainement, cette saison, nous allons nous battre pour le titre."
C’est une grande ambition ?
"C’est en tout cas mon objectif personnel. Je veux jouer le titre cette saison. Lors du dernier exercice, on était si proche que je veux à nouveau me jeter à corps perdu dans cette bataille cette saison."
Après la Supercoupe, Michel Preud’homme disait que le Standard doit encore apprendre à agir et non réagir.
"On n’a pas beaucoup gagné durant la préparation, ce qui ne nous a peut-être pas apporté la confiance suffisante pour entamer cette Supercoupe. Mais malgré tout, nous avons produit du beau football. On veut toujours garder le contrôle du match, du ballon, se créer pas mal d’occasions mais cela prend du temps. Mais au cours de la 2e période à Bruges, on a mis en pratique ce qu’on a travaillé durant toute la préparation et c’est très encourageant."
Vous sentez tout doucement que les choses se mettent en place ?
"Oui. La Supercoupe est peut-être arrivée trop vite, mais pour la réception de Gand, vous allez voir les principes appliqués par le coach depuis son arrivée. On sera meilleurs."
Cette préparation a surtout été basée sur l’aspect physique.
"On a pas mal couru c’est vrai. Un jour dans le vestiaire, le coach a sorti les statistiques physiques de la saison dernière montrant que, dans ce registre, nous étions une des moins bonnes équipes de Pro League. Il fallait remédier à cela. Personnellement, par match, je cours entre 10,8 et 11,5 km."
Les supporters étaient plutôt inquiets des résultats en préparation. Quel a été votre sentiment en interne ?
"La préparation, comme son nom l’indique, nous permet de nous armer au mieux pour la nouvelle saison. Le coach a essayé différents systèmes durant ces matches et nous devions assimiler ce qu’il attendait de nous. Il n’y avait donc pas lieu d’être inquiet. C’est normal que cela prenne du temps pour qu’on s’imprègne du projet que le coach veut mettre en place. Il veut changer beaucoup de choses au club."
Il attend notamment de vous que vous ne commenciez plus la saison en mars…
"C’est vrai. On l’écoute énormément et on essaye d’apprendre rapidement de lui."
Personnellement, quelles sont ses consignes à votre égard ?
"Il me dit… d’être moi-même. De garder le ballon et d’aider l’équipe avec mes qualités de passe."
Quel est votre sentiment à propos de lui ?
"Je le connaissais évidemment pour ce qu’il a fait comme joueur, notamment avec ce titre de meilleur gardien du monde en 1994 mais je sais également qu’il a remporté des titres partout où il est passé en tant que coach. Jusqu’à maintenant, tout se passe très bien. Nous n’en sommes qu’au début mais je sens déjà toute son expérience et son énorme savoir. Il fera tout pour nous aider à nous développer et à devenir meilleur."
MPH compte énormément sur vous et n’entend pas vous laisser partir et ce, malgré l’intérêt de plusieurs clubs italiens dont l’AS Rome.
"C’est gratifiant de savoir que des clubs s’intéressent à moi mais mon esprit est au Standard et je veux continuer à me développer ici. Il y a une compétition européenne à jouer et c’est le plus important à mes yeux. À mon âge (22 ans), je dois prendre mon temps et m’améliorer au maximum avant de penser à un départ. Le plus important pour moi, c’est de continuer à jouer. Si je pars aujourd’hui et que je ne joue pas, cela reviendrait à tout recommencer de zéro. Bien qu’on ne sait jamais de quoi l’avenir sera fait mais je ne pense pas que c’est le moment idéal pour partir. Je me sens parfaitement bien au Standard, à Liège. Ici, je ne pense qu’à une chose : le jeu. Je ne suis pas focalisé sur mon salaire, sur l’extra-sportif, les sorties, etc."
Vous avez tout de même un plan de carrière ?
"Je ne pense pas au futur, à un championnat ou à une équipe en particulier. Je veux évidemment jouer dans les meilleurs championnats mais je dois d’abord énormément travailler."
Et continuer de vous inspirer de votre idole, Xavi ?
"C’est vrai que j’ai regardé des heures et des heures de vidéos de lui. C’est mon modèle. Sa façon de penser le football, sa position sur le terrain, sa faculté à trouver les espaces entre les lignes et débloquer des situations compliquées, j’aime tout chez lui. J’essaie toujours de m’en inspirer."
Vous êtes en Belgique depuis bientôt deux ans, en quoi avez-vous progressé ?
"Je suis plus fort maintenant, notamment sur le plan physique. Je continue d’ailleurs à me développer à ce niveau."
Avec vos statistiques de la saison dernière, vous serez davantage surveillé cette saison.
"Un footballeur est sans cesse confronté au défi de prouver à tout le monde ses qualités. Ce sera plus difficile pour moi mais je vais travailler pour prouver que, ce que j’ai fait la saison dernière, n’était pas un one-shot."
"J'ai su me faire un prénom"
Fils de l’ancien international roumain Petre Marin, actif, notamment, au Steaua Bucarest, le jeune Razvan avait la voie toute tracée. "Je devais faire du foot", rigole-t-il. Mais en grandissant, Razvan Marin a dû composer avec la comparaison avec son paternel qui évoluait en tant que back gauche notamment au Dinamo Bucarest. "Il avait tout de même une certaine légitimité et c’était difficile pour moi au début. Mais j’ai appris à vivre avec ça et je n’avais qu’une obsession : passer devant lui, devenir meilleur que lui. Souvent je le charrie car je lui dis qu’avant, on me présentait comme étant le fils de Petre Marin, l’ancien international, mais aujourd’hui, on dit de lui qu’il est le père de Razvan Marin, le joueur du Standard et international roumain (rires). J’ai donc su me faire un prénom !" Avec sa sélection, Marin espère réaliser ce que son père n’a pu faire. "Jouer une Coupe du Monde. On a une très bonne génération qui, d’ici deux à trois ans, va encore prendre de l’expérience. J’ai 22 ans et, statistiquement parlant, je pourrais disputer trois Coupes du Monde. J’espère au moins en jouer une."
"J'ai eu recours à un coach mental"
Le Roumain a fait preuve de caractère en début de saison lorsqu’il ne jouait pas
À l’hiver 2017, sous l’impulsion d’Olivier Renard qui le suivait depuis très longtemps et qui a tout réglé dans ce dossier, Razvan Marin débarque à Sclessin.
Dans un premier temps, on attend du jeune médian de 21 ans qu’il s’adapte, calmement, durant six mois avant, dès l’été suivant, de prendre la succession d’Adrien Trebel. Mais le départ précipité du Français pour Anderlecht a accéléré le processus.
"C’est vrai que cela a changé les plans. C’était difficile quand je suis arrivé car j’équipe ne tournait pas et l’atmosphère au club n’était pas bonne. Je suis arrivé un jeudi ou un vendredi, je me suis entraîné pour la première fois avec l’équipe le samedi et le lendemain, j’étais titulaire contre Bruges. Tout est allé très vite mais, pas à pas, j’ai essayé de m’adapter au mieux."
Malgré la situation compliquée, le jeune médian n’a pas douté. "Je savais qu’on n’attendait pas de moi que je révolutionne le jeu du Standard dès mes débuts mais qu’ils attendaient beaucoup de moi pour la prochaine saison."
Une saison qu’il débutait… sur le banc sous Ricardo Sa Pinto. "Cela n’a pas été facile à vivre", confie-t-il. "J’ai bossé pour retrouver ma place dans l’équipe mais c’était frustrant pour moi de rester sur le banc. Durant la préparation, j’ai énormément bossé et j’espérais débuter la saison même si, en foot, on ne sait jamais rien prédire."
Pour rester compétitif et ne pas se laisser abattre, Marin a travaillé deux fois plus et notamment avec l’aide d’un… coach mental. "J’étais en fait en contacts réguliers avec deux coaches qui m’ont énormément aidé, surtout lors des premiers mois de la saison dernière. Ils sont d’ailleurs venus plusieurs fois en Belgique. J’en ai besoin et mes amis le savent. Je devais rester concentré et il fallait que je sois prêt lorsque mon moment allait arriver." Razvan Marin a eu une discussion avec son coach de l’époque.
"Il m’a expliqué ses choix. C’était son opinion, sa vision, à ce moment-là, de jouer avec deux récupérateurs. Je suis désolé que Merveille (Bokadi) se soit blessé mais cela a été ma chance. Aurais-je joué s’il ne s’était jamais blessé ? C’est une bonne question que je me pose souvent…"
Pour justifier ses choix, Sa Pinto avait notamment expliqué qu’il considérait que Marin apportait davantage lorsqu’il montait au jeu que lorsqu’il débutait. "C’était frustrant. Contre Genk, pour la 2e journée, le score était de 0-1 à la pause lorsque je suis monté et nous l’avons emporté 2-1 mais après ça, je n’ai pas joué. L’histoire s’est répétée contre Lokeren et j’ai enfin reçu ma chance." Lorsqu’on lui demande ce que l’ancien coach portugais lui a apporté, Razvan Marin hésite. "C’est difficile… Cela m’a endurci, je veux parler de la situation. Parfois, il faut savoir être très fort mentalement pour ne pas sombrer."
"La concurrence ne me fait pas peur"
Tout comme l’hiver dernier avec l’arrivée de Gojko Cimirot, Razvan Marin a vu, cet été, débarquer un nouveau concurrent, Samuel Bastien. Une concurrence qui est loin de l’effrayer. "Je n’ai jamais été inquiet de voir arriver de nouveaux joueurs qui évoluent dans mon secteur. Au contraire, cela me motive et me pousse à me surpasser." Cela s’est d’ailleurs ressenti dans ses statistiques la saison dernière. "Oui mais j’ai tout de même un petit goût de trop peu pour les PO1 car je n’ai pas suffisamment été décisif et de plus, j’ai été blessé loupant les quatre derniers matches." L’international roumain n’est pas du genre à se cacher, il reste attentif à ses stats. "Bien sûr, c’est important. Mon premier objectif, la saison dernière, c’était cinq buts et assists. Quand j’y suis parvenu, j’ai élevé la barre à dix. Cette saison, je veux faire aussi bien que la saison dernière. SI on joue dans ce système de 4-3-3, ce sera plus facile pour moi d’être décisif."